lundi 15 juin 2015

L'écho des pierres


Deux écritures in situ inspirées de l’histoire de ces villages de Seine et Marne, d’après le récit des habitants :

« J’ai eu plus d’un coup de foudre ». Lettres en bois - 850x480x150 mm -, panneaux de bois aggloméré OSB, tasseaux, peinture blanche. 
Touchée par la foudre à plusieurs reprises, incendiée, l’église de Paroy est toujours debout. 
«J’ai rêvé d’un palais de sucre». Lettres - 700x500 mm - tracées à la peinture écologique biodégradable sur façade à l’aide de pochoirs. 
Maison abandonnée, jouxtant une ancienne sucrerie désormais désaffectée. Cette usine était le moteur d’activité de la région, et nombreux sont ceux qui se souviennent de l’odeur de caramel qui flottait autour.
Projet réalisé dans le cadre de la résidence-mission mené par le collectif en 2014 en Seine-et-Marne.





L'écho des pierres
Sophie Pasquet, photojournaliste et chroniqueuse


Bien sûr que les pierres crient. Elles se rient du vent, reprennent des couleurs au soleil, explosent avec le gel, pleurent l’humidité, s’impatientent sous la mousse et les crépis…  Elles aussi sont marquées par le temps qui passe et engrangent des secrets. 

A Paroy, c’est l’Eglise qui a chuchoté son histoire. Elle a transformé la foudre et les flammes qui l’ont blessées en un joli pied de nez qui sonne comme un désir d’avenir.


 A Bray-sur-Seine, la vieille bâtisse a confié ses rêves de devenir palais. Comme tous les habitants ici, elle porte le souvenir de l’odeur de l’usine de bonbons toute proche, légèrement envoûtante, un peu entêtante ; celle qui a un jour fermé ses portes, mettant la ville au régime sans sucre.



Ces tags géants sont comme la première phrase d’une histoire, sa promesse. A chacun de réaliser le voyage s’il le désire. On peut se raconter la suite à sa guise, se laisser embarquer par le jeu des mots, s’émerveiller de cette fantaisie dans le paysage, ce dérèglement poétique du réel, comme un joyeux décalage. « Tiens des pierres qui parlent ! ». On peut aussi avoir envie d’en savoir plus et de questionner ceux qui ont la clé du jeu. Ces « incipits » sont aussi une invitation à se déplacer dans le paysage pour voir jusqu’où portera l’écho des pierres.


Pour les installer, il a fallu aussi mesurer, évaluer, s’adapter au terrain, prendre le pouls des murs, fabriquer, découper, nettoyer, peindre… Comme un corps à corps amical et attentif aux éléments et à la matière. Et aussi accepter que  tout ceci se patine, se transforme et peut-être disparaisse avec les intempéries. Ils sont une incitation à écouter les pierres, leur âme, leur mémoire, à se souvenir, à imaginer et à rêver. La force de  la poésie et l’humilité de l’engagement. Car faire parler les murs est toujours un mélange des deux.




Un grand merci à Sophie Pasquet pour son texte. Pour voir son travail, c'est ici!