vendredi 27 mars 2015

Cortex

Photogramétrie, captures d’écrans d’espaces virtuels.
Des habitants ont posé pour des prises de vues 3D, dans un lieu évoquant un souvenir. Le paysage se transforme, se désagrège à la prise de vue. Des morceaux viennent à manquer, à l’image d’une mémoire sélective se focalisant sur l’essentiel. 


PRETTY PICTURE, texte de Sarah Balcon
Il a l’air suspendu entre la vie et la mort dans ce liquide amniotique bleu, cet écrin à la trame grossière, tel un foetus dans un ventre. Figé, immobile, car seule la caméra tourne et se déplace autour de son sujet, objet absorbé par le décor qui l’entoure.
C’est la naissance de ta mort. c’est la dentelle de ta mémoire, l’éponge gonflée de ton cerveau malade, le tissu ajouré de ton coeur transpercé. c’est la vie qui coule et s’écoule dans tes tuyaux, c’est la gravité qui t’attire, c’est tes cellules qui éclatent sans bruit, papier à bulle que l’on craque avec joie entre deux doigts
c’est ta chute dans le vide, dans l’infini low fi . mais tu rebondis sur la pulpe dure d’un morceau de corps non identifié (le coup de pied?) et jaillis à nouveau dans l’univers immense.





(il y a des accrocs dans la pretty picture, dans le ciel bleu, dans la dentelle de tes mémoires)
Tu es à la fois ce vaisseau solitaire qui s’éloigne, à ton rythme tranquille, de plus en plus loin des autres; et ce petit tas de chair sur ton petit morceau de terre. pré carré, et souvenir chéri, carré de terre, pierre polie, des fulgurances rares, clin de lumière dans tes nuits noires, illuminent par à-coups tes tunnels sombres. tu veux que je te raconte mon grand moment? oh oui prend note je t’en prie, que je ne meure pas tout à fait.


Et je tente de comprendre le sens de ma présence ici je vais chercher, rebuts et coquillages et bouts de verre colorés, sur la grève, apportés par la marée à la merci de ses cadeaux jolis et empoisonnés, des bribes de réponse brindille après brindille je fais le nid de mes croyances les évènements me malmènent et mon nid s’envole à tous vents les évènements se gâtent et me consolent, et la peur au ventre à l’idée qu’elle me soit retirée, je jouis quelques instants de cette richesse. je polis ce souvenir ensuite, je le raconte, le transforme, il tourne et tourne dans ma poitrine, et devient brillant comme une pierre révélant tous ses détails, ses couleurs. il fait cette petite musique qui est la mienne, qui m’anime et me fait reconnaitre des autres quand ma planète en croise une autre, s’y arrime pour quelques instants je tinte, je tintinnabule de ce récit, mon récit fondateur, mon mythe.





mardi 17 mars 2015

Hallucinose


    Un texte de Paul Hadrien, photographe et auteur
Hallucinose, série photographique du collectif Faux Amis



Gravir, dissimuler, confondre.
Le cœur est de pierre. Il bat dans le silence du mouvement, il déconstruit le mouvement, aveugle.
Le temps ne compte pas, il n’a aucun sens.
Est-il possible d’atteindre, de pénétrer ce qui semble clos, recouvert, gardé de toute intrusion?
Ce qui semble clos... c’est-à-dire : toutes les voies sont possibles.
Nous nous voyons nous-mêmes, 

en deçà et au-delà.
Où est la limite ?




Le possible et le réel 1. L’ordre et le désordre. L’intuition.
Un physicien et un mathématicien annoncent :
« Nos intentions causent des effets dans le futur qui deviennent les futures causes d’un 

effet dans le présent » 2.
Le temps ne compte pas, il n’a aucun sens. Il ne décompte pas notre chemin.






Je sens le doigt que j’ai perdu.
Je vois l’invisible derrière la haie.


« Nous découvrîmes (à une heure avancée de la nuit cette découverte est inévitable) 
que les miroirs ont quelque chose de monstrueux. » 3



Je sens vibrer le fossile, l’os de pierre, la trace :
le signe du passé devient l’ordre, la simplification des voies.


Le possible et le réel.
L’intention est déjà le réel.
L’oeuf est BRISÉ avant qu’il ne tombe.
Nous attribuons des intentions.
Purpl... est sans Deep.
La tempête est passée.
Ceci n’est pas une 2cv.

Un jeu d’enfant.
Fabrication d’un cadre de mémoire.






Gravir, dissimuler, confondre. Miroir. Abîme.
La photographie est aussi hallucinose temporelle.
Un ordonnancement dans le désordre.
Ou plus simplement la création du facteur Temps.








1 Henri Bergson, «Le possible et le réel», dans La pensée et le mouvant, ed. PUF, 1934.
2 Jacques Vallée, sur le travail de Philippe Guillemant dans Conférence TEDx, «Une théorie de Tout (le reste)» , Bruxelles, 2013.
3 Jorge Luis Borges, «Tlön Uqbar Orbis Tertius» dans Fictions, ed. Gallimard 1957. 

Livre !

Monument aux vivants est enfin arrivé! Un livre de 180 pages (éditions act'art), à double entrée, avec l'aide graphique de Richard Brooks, et de beaux textes de Jeanne Mercier, Paul Hadrien, Sophie Pasquet, Sarah Balcon et Sylvie-Anne Pralus.
Bientôt plus d'images et les textes!

série de quatre cartes postales A5 accompagnant l'ouvrage

couverture 1(recto) : partie création

couverture 2 (verso) : partie rencontres/ateliers

série Monument aux vivants

série Le coeur c'est pour l'amour - création

série Incipit - création

série Cortex - création

série Hallucinose - création

Camera Jacta Est - rencontres

Vertumne  - rencontres

Nature-morte - rencontres


mercredi 11 mars 2015

dimanche 8 mars 2015

Exposition de fin de résidence et livre

Ce samedi 7 mars, exposition de fin de résidence à Savins (Seine et Marne). Après plus de deux ans de rencontres avec le territoire et ses habitants, une belle journée de clôture ! L'occasion de distribuer le livre rétrospectif de la résidence, "Monument aux vivants".