Faire partie du paysage. Pays sage.
Des sentiers balisés qui domptent une nature envoûtante,
bien qu’en partie artificielle, comme le lac. Des activités de loisir, on ne
fait pas attention : un joli décor.
Et puis le regard de Lionel qui se pose, qui scrute, se
projette, « marquant la nature du sceau de son intériorité ». Sur les
photographies de différents lieux, s’inscrit un journal intime, dans une
transparence qui révèle autant qu’elle dissimule. Faire partir du paysage pour
voir ce qu’il y a derrière, peut-être pour trouver ce qu’on a dedans, prise de
conscience de soi, de sa réalité autant que de l’étrangeté du donné.
Le joggeur ne court plus dans son circuit, abandonné au
milieu du lac, sur un rocher, comme un caillou qu’on jette pour troubler une
eau trop lisse.
« Allô », l’eau ? Que reflètes-tu le lac,
dans ton miroir « qui fait toutes choses plus belles » ? ton
miroir artificiel ?
Et d’un coup la nature se réveille, chaos primitif,
grouillement intérieur. Si le jour les fougères se soulèvent, les arbres
s’arrachent leur écorce et s’abattent, c’est pour mieux se reconstituer la
nuit, cycle infini de naissances et de morts.
Rythmée par une bande-son hypnotisante de Benjamin Girard,
la vidéo en stop motion « Tohu-bohu » est un déchaînement organique,
fascinant.
Bref, une magnifique exposition de Lionel Pralus à l’Aparté qui
fait partir (un peu, beaucoup ?) le spectateur…