lundi 23 avril 2012

Lionel en résidence tout le mois d'avril

Lionel Pralus est accueilli en résidence d’artiste à l'Aparté, Lieu d'art contemporain du Pays de Montfort, à Iffendic, en Bretagne, du 3 avril au 5 mai 2012.
Le fruit de ses recherches, Faire partir du paysage (photographies, textes, vidéo et sculptures) sera exposé à partir du 4 mai.




C’est l’infiniment grand et l’infiniment petit, derrière l’objectif, on ne distingue plus les échelles. Ces rochers deviennent montagne ; la mousse, des fourrés profonds.
Lionel, par petites touches, indicibles, c’est la mousse qu’il gratte sur le tronc, des fougères qu’il aplatit, un arbre mort qu’il fait s’animer.
Tel un animal, en territoire connu, il transforme furtivement le paysage, y laisse ses traces.
Mais jamais il ne le malmène, ce paysage.
Vous ne verrez presque rien, il se fait discret, pour laisser la nature venir à lui, il apprivoise les arbres et les fougères, et la solitude.


A l’intérieur, l’atelier et ses grandes fenêtres donnent sur le lac, trois trouées sur le paysage, une tour de contrôle.
Si l’envie nous en prenait, si la patience nous animait, on pourrait compter combien de chiens, combien d’oiseaux, combien de fois les nuages éclipsent le soleil (le temps ici est si changeant). On pourrait classifier, ordonner, les nuances de vert et de gris, les formes des feuilles et des épines.

le centre d'art et l'atelier
les lettres du lac

Faire partir du paysage, en faire partie aussi, et se fondre, se camoufler à son image.
Lionel n’est pas loin de sentir ses pieds s’enraciner dans le sol, à force de parler avec les arbres.
Et le lac, imperturbable, lui tend son miroir.
Dans la forêt, les arbres s’embrassent puis s’entrelacent. La nuit, on pourrait presque les entendre gémir. D’abord leurs feuilles, puis leurs branches, enfin leurs racines.
On les retrouve au matin figés dans leur étreinte.


Ce matin, c’est l’écorce et la terre sous les ongles, les griffures des ronces et des épines. La nature déshabillée, mise à nu (l’écorce que l’on retire, la mousse que l’on gratte), et qui se défend.

le jogger, qui viendra s'assoir sur le rocher

Dans une tentative de journal, pour rythmer ses jours, Lionel défie l’ennui et la solitude. Tel le petit poucet, il sème ses mots dans le paysage.
Le mot Allo viendra flotter sur le lac.
Là bas, sur son milieu, le rocher attend son heure. Un homme sculpture viendra s’y asseoir.



Ce soir là, avant mon départ, on s’est donné rendez-vous au cimetière des arbres calcinés.
On est revenus les mains noires.

Textes et photographies par Lucie. 
Un texte de Solenne Auger sur le travail de Lionel sera bientôt mis en ligne.